Notre mode de vie, tant au niveau sociétal qu'individuel, est gourmand en énergie. Que nous souhaitions subvenir à nos besoins les plus simples, comme la nourriture, ou que nous décidions de vivre et travailler en phase avec le XXIème siècle, nous sommes voués à en consommer des quantités outrancières.
On a besoin d'énergie pour à peu près tout. Même pour en produire. Et sa production est à la source de grands désaccords. Peut-on continuer de laisser tourner les centrales à charbon quand on sait la quantité de dioxyde de carbone qu'elles rejettent dans l'atmosphère? Que dire des centrales nucléaires et de leurs déchets qui resteront radioactifs pendant des milliers d'années? Et les énergies renouvelables, alors? Elles ne représentent hélas qu’une faible portion du besoin mondial en énergie.
La réponse à ces défis est un appel pressant à la transition énergétique, et il n'y a pas que la France qui ait pris conscience de l'urgence de la situation. Il existe des organisations supra-gouvernementales comme le GIEC et l'ONU qui tentent d’orchestrer la recherche de solutions adaptables à nos sociétés et à nos modes de vie. Mais malheureusement, les acteurs les plus concernés sont souvent ceux qui font le plus facilement la sourde oreille aux recommandations des experts en la matière.
Ça, c'était pour la mise en contexte.
Mais ce n'était pas nécessairement à tout cela que je pensais alors qu'il y a peu Natalia et moi roulions tranquillement sur une route andalouse. La vue d'un champ rempli de panneaux solaires m'avait inconsciemment rappelé cette thématique sensible. Des éoliennes sur les montagnes à l'horizon ne faisaient que renforcer cette idée. Comme une menace latente qui aime à m'accompagner nonchalamment.
Nous venions de déjeuner et le soleil baissait à l’horizon. Nous arrivions presque au lieu où nous dormirions ce soir-là, et c'est alors que me prit l'envie de manger une glace. Je savais que nous n'en avions pas dans notre logement et que le seul moyen de satisfaire ce caprice était de faire un crochet d'un kilomètre à une supérette locale.
Je vous passe ici le détail des calculs, mais l'équivalent énergétique de carburant nécessaire à ce détour représente 19040 Kj (Kilojoules), soit 4550 Kilocalories et un peu plus de 5 Kilowatt-heure. Or, on estime qu'un être humain dépense en moyenne 10000 Kj toutes les 24 heures. C'était donc l'énergie nécessaire au travail de deux personnes pendant toute une journée qu’il me faudrait dépenser pour ma glace. Dilemme.
Du coup, on a pris un paquet de six. Et on en a profité pour prendre des éponges aussi. Et du produit vaisselle.
Je ne considère pas être un mauvais personnage. Je ne suis pas non plus un saint, mais dans l'ensemble, j'essaie d'agir en accord avec des principes étant universellement reconnus comme corrects. Comment expliquer alors que j’aie pu oser faire ce kilomètre supplémentaire pour une simple glace alors que je suspectais grandement que son empreinte écologique serait aussi importante? Pourquoi avoir consciemment pris cette décision alors que je soupçonnais le gâchis que cela impliquerait?
La réponse, aussi illogique soit-elle, est le bas prix de l'essence.
En effet, à l'heure où j'écris ces lignes, un litre d'essence coûte moins d'un Euro et cinquante centimes. 1.50€! Pour le travail de deux personnes pendant 24h. 48 heures de travail à 1.50€, cela équivaut à un salaire d'un poil plus de trois centimes de l'heure. Voilà la triste réalité. Alors que nous recevons tout de la nature, nous la violons et la revendons à un taux inférieur au seuil international de pauvreté. Et on profite de cette exploitation sans vergogne pour se payer le luxe de manger des glaces en songeant aux non-solutions disponibles pour sauver l'état catastrophique dans lequel l'équilibre de l'écosystème dont nous dépendons se trouve.
N'hésite pas à me dire si de ton côté tu as trouvé une solution!
À bientôt pour un nouvel article